Densité bâtie à Paris (opendata)

Cet article évoque brièvement la notion de densité. Il a vocation d’introduire le travail de cartographie réalisé sur la densité bâtie à Paris et de fournir à l’utilisateur quelques éléments de compréhension complémentaires au seul indice calculé et représenté. Il ne revendique en aucun cas une quelconque exhaustivité sur les questions de densité!

Carte de densité bâtie à Paris

Définir la densité

Densité de population, densité résidentielle, densité d’emplois, densité d’activité humaine (emplois + habitants), COS, densité bâtie, …. les indicateurs servant à mesurer la densité sont multiples et répondent à des objectifs divers. Cette multiplicité est souvent la cause d’un mauvais usage, autorisant l’usage du terme densité sans même préciser ce qui est véritablement mesuré.

L’IAU a publié plusieurs notes permettant d’appréhender la notion de densité en tenant compte de ses usages. Ainsi, un professionnel de la construction sera dans l’obligation de respecter le COS défini au sein des documents d’urbanisme, la densité de population peut être utilisée pour déterminer le besoin d’équipements publics dans un quartier donné, …

Les indicateurs de densité sont souvent utilisés pour mesurer l’étalement urbain.

Densité bâtie

A la différence de la densité de logements ou la densité d’emplois, la densité bâtie ne s’intéresse pas aux usages mais à la nature même du sujet (le bâti). Elle regroupe indistinctement les emplois et les logements au sein d’une même unité : le m².

La formule de calcul est la suivante :

(emprise au sol x hauteur du bâtiment) /  surface de la zone d’étude

La densité bâtie est un indicateur basé sur l’existant et traduit, en ce sens, une réalité perçue. L’individu visitant un quartier est capable d’apprécier visuellement la hauteur et l’emprise au sol des bâtiments, et par conséquent d’avoir une idée approximative de sa densité bâtie. A l’inverse, lors de cette visite, il n’est pas en mesure d’estimer la densité d’emplois ou de logements.

Densité bâtie à Paris – données de l’opendata

L’opendata de la ville

La ville de Paris a mis à disposition du grand public et sous licence libre les données dont elle dispose. Accessibles depuis le portail opendata.paris.fr, ces données peuvent être téléchargées et utilisées par tous dans le respect de la licence ODbl.

C’est à partir des données de volumes batis et d’un maillage régulier de 100 mètres de côté que nous avons effectués les calculs de densité bâtie pour la ville de Paris. La représentation cartographique, publiée en ligne est accessible sur cette page.

Résultats & éléments de réflexion

Il ne s’agit pas ici de faire une analyse détaillée de ce traitement. Néanmoins quelques remarques peuvent être faites sur les résultats d’ensembles d’abord, mais aussi sur la lecture qu’on peut en faire.

De manière générale, on observe une concentration des très fortes densités au Nord de la Seine dans la partie centrale de la ville. Cette zone correspond essentiellement aux 2é, 8é, 9é et 10é arrondissements. Au Nord Ouest, des zones assez larges de densité bâtie supérieure à 2.9 se forment. Ces quartiers présentent une densité bâtie plus homogènes que les quartiers Est et Sud de la ville, ou les variations de densité dominent. Les densités fortes et les densités moins importantes sont régulièrement distribuées spatialement.

Les résultats montrent d’ importants écarts. Cela est dû à l’échelle considérée (la ville) et au choix de partitionnement (le maillage). Le réseau routier est présent dans toute la ville et peut être considéré comme homogène en comparaison de la présence de parcs ou de la Seine qui affecte en plus grande proportion la densité d’une maille. Ainsi, des mailles contenant en grande majorité un parc ou le fleuve mais dans lesquelles au moins un bâtiment figure afficheront une densité faible. Superposé au fond de carte, ces mailles sont facilement reconnaissables.

La densité moyenne est égale à 2 mais elle est sous-évaluée compte tenu du biais détaillé ci-dessus.

Les résultats convergent avec le calcul réalisé par l’IAU IDF dans le 6é arrondissement  qui affiche une densité bâtie de 4. Cet arrondissement étant caractérisé par la présence d’immeubles haussmanniens d’une hauteur de 6 étages en moyenne avec une emprise au sol de 75 %.

Pour finir nous vous proposons de comparer la densité bâtie parisienne à quelques cas de figure : la densité bâtie d’une opération d’habitat individuel est de 0,3 environ, celle des grands ensembles de la Courneuve est de 0,75 et celle des traditionnelles « maisons de ville » est de 1 (source : IAU).

Remarque : 13 mailles (sur 8220) présentent une densité bâtie supérieure à 6. L’une d’entre elle, exorbitante, est égale à 12,5. Il ne s’agit pas d’une erreur mais de la maille contenant la tour Montparnasse (dont la superficie atteint 90 000m²).

Représentation 3D de la densité

La représentation 3D de la densité bâtie à Paris a fait l’objet d’un article détaillé illustré.

Pour aller plus loin : densité réelle et perception

Si chaque individu développe sa propre perception d’un même espace en fonction de l’environnement immédiat et de ce qui lui est propre, quelques éléments semblent être déterminants en ce qui concerne la densité perçue.

En 2003, l’APUR a réalisé une enquête comparative sur la perception de la densité dans 4 quartiers parisiens contrastés (Rochechouart [9é], La Roquette [11é], Jeanne d’Arc [13é] et Falguière [15é] avec des COS nets variant de 4.51 à 2.52). Les résultats de cette analyse montrent que la densité est perçue comme plus forte dans les 2 quartiers au COS les moins élevés. L’auteur de l’analyse explique notamment que :

la hauteur objective des bâtiments constitue un critère objectif déterminant de la perception de la densité. Plus les habitants vivent dans des immeubles hauts et plus ils ont tendance à considérer, non seulement que la hauteur des bâtiments est oppressante, mais encore qu’il y a trop de constructions dans leur quartier

Ainsi, la morphologie de l’habitat apparaît comme une composante essentielle de la perception. La figure suivante illustre des formes différentes pour une même densité de logements.

Morphologie du bâti

Ainsi lorsque sont abordées les questions de densité et de qualité de vie, où l’association densité forte – qualité de vie dégradée est a priori admise, il est indispensable de prendre en compte la morphologie de l’habitat qui sera déterminante de l’espace vécu par ses habitants (proximité sociale, animation, …).

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